En octobre, sur Facebook, je vous avais fait du teasing en vous promettant divers articles, dont un au sujet d’un challenge vestimentaire. Je n’ai pas été d’une rapidité fulgurante dans la rédaction de ces divers articles, mais petit à petit je tiens mes engagements, malgré La Vie qui aime se mettre en travers de mon chemin. Aujourd’hui, c’est donc The Dress Challenge.
Il y a des mois, voire un an, je suis tombée par hasard sur un article dans The Guardian, dans lequel la journaliste racontait s’être lancée dans un challenge pour porter la même robe pendant 100 jours. Ma première réaction, en lisant le titre de l’article, fut « Aaargh mais c’est dégueulasse ». Bon, comme j’ai constaté dès que j’ai dépassé le titre et lu l’article, en fait, la robe peut être lavée, c’est pas obligé de baigner dans son jus pendant 100 jours (mais vous pouvez si vous voulez, hein).
Une fois que j’ai été rassurée sur le plan de l’hygiène (ceux qui me connaissent savent – je suis une « narreuse »/ »zirou » selon les régions – orthographe intuitive, je n’ai pas trouvé l’orthographe officielle, sorry), j’ai lu l’article avec un mélange de curiosité et d’incompréhension. Pourquoi se lancer dans un challenge pareil? J’aime m’habiller, varier mes tenues, pourquoi se compliquer la vie comme ça? Et bien pour plein de raisons, en fait. Déjà, tout le monde n’aime pas s’habiller et varier ses tenues, et pour certains c’est une épreuve le matin avant de partir. Dans leur cas, il s’agit d’une simplification drastique d’un problème quotidien. Mais ce n’est pas du tout mon cas, donc j’ai achevé la lecture de l’article en me disant, ok, ce n’est donc pas dégueu, ni complètement n’importe quoi, mais ce n’est pas pour moi. Je me simplifie déjà la vie +++ en ne portant que des robes, donc pas besoin de réfléchir à quel haut assortir à quel bas etc.
Mais l’article m’est resté en tête en fait. J’y pensais souvent, et j’ai commencé à me renseigner un peu plus sur ledit challenge.
Il s’agit d’un challenge lancé par une marque de robes en mérinos, la marque Wool&, qui est une société basée aux Etats-Unis, mais qui a un site européen. Le mérinos est une matière particulièrement chouette, car c’est léger, thermorégulant, anti-odeurs, anti-statique, ne bouloche pas, sèche ultra rapidement, ne se déforme pas, bref, vous l’avez compris, c’est la Rolls des laines. Ah, et elle ne gratte pas non plus. Du tout. Elle est tellement topissime que certaines marques de vêtements de sport l’utilisent pour les vêtements techniques, pour remplacer l’infâme nylon qui, non content d’être hideux et polluant, pue sa race dès que la personne transpire 3 gouttes, ce qui est franchement pas hyper bien réfléchi pour un vêtement de sport, non? Je sais, j’émets des jugements sur les vêtements sportifs alors que jamais, même pour une forte somme d’argent, je ne porterais une horreur pareille (et puis bon, le sport et moi – bref). Mais y a des gens autour de moi qui font du sport et qui les portent, et je suis du coup bien placée pour constater 1. que c’est hideux, et 2. ça pue le fennec mort. Donc les sportifs, par pitié, arrêtez le nylon et investissez dans le mérinos. La planète et votre entourage vous en sauront gré, promis.
Retour à nos moutons (mérinos) donc. J’ai commencé à regarder les robes sur le site de Wool&, mais ce n’est pas donné quand même. Et puis j’en ai plein, des robes. Pourquoi aller en acheter une autre, neuve qui plus est, alors que je n’achète jamais neuf?
Bon, vous vous en doutez à ce stade, j’ai acheté la robe et je me suis lancée.
ouais j’avais encore les cheveux longs à l’époque
J’ai commencé le challenge début septembre, alors qu’il faisait encore mille degrés environ, et que je montais et descendais ma vieille montagne à vélo, parfois plusieurs fois par jour, parfois avec un enfant de 18 kilos à l’arrière. J’ai eu chaud, oui, mais pas plus chaud qu’en portant du lin ou du coton. Et surtout, à mon grand étonnement, à chaque fois que j’ai fait des trucs qui puent (suer, traîner avec des gens qui fument ou font du feu, etc), la robe ne puait pas. Je la mets sur un cintre pour la nuit, et le matin elle ne sent RIEN. J’ai une fois fait une soirée avec ma mère, mes deux frères, ma nièce et son mec, qui fumaient tous dans la pièce autour de moi. Mon manteau a passé une semaine dehors avec mon écharpe, j’ai du laver mes cheveux. La robe, après sa nuit sur cintre, RIEN. Je suis très sensible aux odeurs, donc cet aspect est très important pour moi.
Ce challenge m’a également permis de réduire ma quantité de linge à laver. En effet, autrefois, lorsque les gens se tâchaient, ils avaient plutôt tendance à détacher la tâche, plutôt que de jeter le vêtement dans la machine à laver directement. Peut-être parce qu’autrefois ils n’en avaient pas forcément, et lavaient à la main. Ils portaient un vêtement révolutionnaire, aussi : le TABLIER. J’ai appris à détacher mieux, et également j’ai pris l’habitude de porter un tablier pour cuisiner/faire la vaisselle/charger/décharger 2-3-4 stères de bois. Je ne suis pas sûre à quel moment dans l’histoire de l’évolution de l’humanité, on a considéré que le tablier c’était inutile, mais en fait, on avait tort.
J’ai décidé de ne pas acheter d’autres choses que la robe, et utiliser ce que j’ai déjà dans ma garde-robe pour accessoiriser. J’ai fait des entorses à deux reprises seulement, une fois pour acheter des ceintures chez Lulufripette, car je ne portais jamais de ceinture avant, et depuis le challenge, si. Et une autre fois pour racheter des collants, mais dans ma vie, les collants sont des consommables, pas des vêtements.
Ce challenge m’a beaucoup apporté. Il m’a permis, les jours où je n’avais pas l’espace mental ou le temps de me composer une tenue originale, de juste passer la robe et basta ; et les jours où j’avais du temps et de l’inspiration, la robe est comme une toile vierge, une toile de fonds, sur laquelle on peut créer ce que l’on veut. J’ai ajouté des ceintures, des vestes, des cols, des foulards. Je l’ai porté à l’endroit et devant-derrière aussi. Les possibilités sont infinies. Certaines personnes la portent rentrée dans un pantalon ou avec un legging, mais ça c’est pas ma came.
J’ai aussi constaté que PERSONNE ne remarque ce que vous portez au quotidien. J’ai fait le choix de ne pas dire que je me lançais dans ce challenge, d’une part parce que je n’étais pas tout à fait à l’aise avec l’idée du jugement des gens – ben ouais, on n’efface pas comme ça des années de ne jamais porter la même tenue deux fois d’affilée, sinon les gens vont penser que je suis sale/pauvre/dénuée d’imagination. D’autre part, je soupçonnais précisément ça, que personne ne remarquerait, et je voulais tester ma théorie. Alors, attention, cela ne veut pas dire que les apparences ne comptent pas. Bien sûr que si. Les gens remarquent votre style, si vous êtes plutôt casual, sportif.ve, habillé.e. Si vous êtes négligé.e ou sale, les gens remarquent aussi. Mais le détail précis de ce que vous portez, je vous confirme que non, personne ne remarque. Une fois arrivée à Day 100, j’ai annoncé à quelques personnes de mon entourage proche ce que je venais de faire. Ils m’ont confirmé qu’ils n’avaient absolument rien vu. Et vous? Vous aviez remarqué, ceux que je croise régulièrement? Et même ceux que je ne croise pas régulièrement, vous auriez pu décrire ce que je portais la dernière fois qu’on s’est vus? Probablement pas, non. Je vous rassure, je n’ai également aucune idée de ce que vous portiez non plus.
J’ai découvert une communauté de femmes extraordinairement bienveillantes, sur Instagram, qui font le challenge pour toutes sortes de raisons. Parce qu’elles viennent d’avoir un bébé, et n’ont pas le temps, ou l’énergie de s’occuper de leur tenue, et/ou ne rentrent pas dans leurs vêtements pré-grossesse. Pour des raisons de parcours vers le minimalisme. Pour apprendre à s’accepter, car prendre un selfie de soi-même chaque jour pendant 100 jours, c’est se regarder en face, et si on n’a pas des talents de photographe/graphiste, c’est regarder la vérité nue, comme on dit en anglais. C’est également un exercice de persévérance, d’engagement dans un projet. Il y a tant de raisons, et tant de femmes aujourd’hui qui se lancent ce challenge, c’est une véritable ouverture sur leurs différents parcours et vies, que j’ai trouvée fascinante, et dénuée de tout jugement négatif, ce qui est rare sur les réseaux sociaux….
De mon côté, alors que j’aimais tant mes robes, certaines qui m’accompagnent depuis littéralement des décennies, je n’ai plus envie de porter autre chose. Je suis arrivée au Jour 100, en ayant seulement à trois reprises porté autre chose pendant quelques heures, et je constate que je ne supporte plus du tout les matières synthétiques (je n’aimais pas avant, mais certaines de mes très vieilles robes étaient composées au moins partiellement de fibres synthétiques, et je ne les supporte plus. Je trouve qu’elles sentent mauvais au bout de quelques heures maintenant, alors qu’avant je les supportais une petite journée s’il ne faisait pas trop chaud). En faisant le point sur ma penderie, je vois que j’aime encore certaines de mes robes, mais pour la plupart, je n’en veux plus. Je vais donc devoir faire un tri énorme, et dire adieu à pas mal de ces robes qui m’ont suivie à travers les années, mes grossesses, mes pertes et prises de poids, mais en reprenant les termes de Marie Kondo, elles ne m’apportent plus de joie. Je vais en garder quelques-unes, mes préférées, et les mettre de côté dans ma penderie, pour voir si l’envie de les porter me revient dans l’année. Si ce n’est pas le cas, elles devront quitter la maison aussi.
A l’heure actuelle, j’envisage une garde-robe très minimaliste, qui serait composée probablement de 3 robes :
- the Challenge Dress (bleu marine)
- the Reward Dress (rouge) (ah oui, parce que je ne vous ai pas dit, mais si vous réussissez le challenge, et pouvez prouver que vous avez porté la robe pendant 100 jours, la marque Wool& vous offre 100€ sur votre prochaine robe)
- une troisième robe en mérinos, noire, mais peut-être sans manches, pour les grosses chaleurs, même si j’ai plutôt bien supporté la chaleur avec la Challenge Dress, qui a des manches longues.
The Reward Dress
Et pour ceux que cela intéresse, qui veulent voir les détails de mon aventure avec The Dress, voici le compte Instagram de The Dress : https://www.instagram.com/invites/contact/?i=1i3e4w7zsb3mf&utm_content=mn0f9qv
Alors? Ca vous donne envie de vous lancer aussi ? Ou « Aaargh mais c’est dégueulasse » ?
Bravo pour ce challenge, j’adore !!
Je viens de comprendre pourquoi je t’ai vu très souvent avec cette robe bleue ? car oui j’avais remarqué.
Merci d’avoir rédigé cet article.
Hahaha ah enfin quelqu’un qui avait remarqué The Dress ! Mais cela ne m’étonne pas de toi, vu ton goût pour les vêtements….
Bonjour Cat !
Merci pour ce partage, c’est très tentant !! ?.
Il faut se lancer! Ça va tout seul
[…] sous mon jour le plus #no filter #wokeuplikethis finalement. Je n’ai pas mis de pantalon, ni ma robe bleue. Je n’ai pas de tâches sur ma robe rouge, non plus. 11h12 – je n’ai pas terminé […]