Il était une fois

Il y a fort fort longtemps, dans une autre galaxie, l’un de mes frères a décidé de demander sa chère et tendre amie en mariage. Il aurait été tellement commun de l’emmener au restaurant, et lui poser la question en sortant une bague de sa poche, et s’il y a bien une chose que nous ne sommes pas, dans la famille, c’est commun. Alors il a décidé d’organiser une demande en mariage hors du commun, et elle a été hors du commun en effet. Cependant, comme c’est souvent le cas dans la vie, il y a eu un léger delta entre le hors du commun prévu, et le hors du commun dans les faits.

Le Hors du Commun Prévu :

Étant fort friand d’aviation, et ayant des contacts dans le monde du pilotage de loisirs, mon frère a demandé à un ami pilote de les emmener faire un vol au-dessus du secteur où nous vivions. Il avait prévu un itinéraire, et des complices. L’une des complices me préviendrait au moment où ils décolleraient, et je me mettrais alors en route vers les ruines gallo-romaines de Champlieu, pour déployer une immense banderole disant « Veux-tu m’épouser? » sur le dessus du talus, à l’endroit où étaient autrefois les gradins. Nous avions tout chronométré, j’avais largement le temps d’arriver aux ruines et installer la banderole avant leur arrivée par les airs. A leur arrivée au-dessus des ruines, le pilote ferait le tour 2-3 fois, mon frère montrerait les ruines vues du ciel à sa dulcinée, et au moment où elle verrait la banderole, bim! il sortirait la bague. Ensuite retour à l’aérodrome, où la complice les attendrait avec le champagne, puis chez mes parents, où re champagne, et agapes et festoyage en leur honneur. C’est pas mal, ça sort des sentiers battus, ça a de la gueule, ce plan, vous ne trouvez pas? Nous, si.
Bien entendu, si je vous en parle aujourd’hui, toutes ces années plus tard, c’est bien parce que ça ne s’est pas passé comme ça.

 

Le Hors du Commun Dans Les Faits :

Ils sont allés à l’aérodrome, la complice m’a donné le feu vert, je suis partie avec l’énorme banderole à Champlieu, avec une amie, et nous avons soigneusement déployé la banderole. Et puis on s’est installées sur le talus pour attendre, en bavardant, l’arrivée de l’avion. Peu de temps après, comme prévu, un petit avion est arrivé, et a fait plusieurs fois le tour du site, avant de repartir. Bien contente de ma prestation, j’ai remballé la marchandise, mis le tout dans ma voiture, et je suis partie attendre les nouveaux fiancés chez mes parents. Ils sont arrivés un peu plus tard que prévu, mais ils ont fini par arriver. Tout le monde criait leurs félicitations, le champagne coulait à flots, il y avait une très bonne ambiance dans l’ensemble. A part mon frère, qui avait l’air un peu tendu, et ma future belle-sœur, qui avait l’air un peu nauséeuse. Je suis allée trinquer avec mon frère, qui me dit alors, dents serrées,  « Où étais-tu?! ».
Ne comprenant pas trop, je lui fais répéter la question. Où étais-je quand? Où étais-je quand ils sont passés au-dessus de Champlieu? Bah, j’étais sur le talus, à côté de la banderole, on ne me voyait pas d’en haut?
Non. On ne me voyait pas. On ne voyait pas la banderole non plus. Parce que ni elle ni moi n’étions là lorsqu’ils sont arrivés au-dessus de Champlieu. Figurez-vous qu’apparemment, il y avait d’autres gens qui ont décidé également de faire un vol au-dessus de Champlieu ce jour-là, et qui ont vu une bannière en bas, et se sont dit « oh c’est quoi ça? Viens on fait deux-trois tours au-dessus, pour mieux voir ». Et je dois dire qu’il n’y a rien qui ressemble plus à un avion qu’un autre avion, vu de dessous. C’ÉTAIT PAS EUX.

Mon frère, arrivant à Champlieu, et ne voyant rien ô sœur Anne ma sœur Anne, a demandé au pilote de tourner un peu, espérant me voir débarquer, rouge et échevelée, en retard mais avec la banderole. Du coup, sa dulcinée, n’ayant pas particulièrement le pied aérien, a commencé à chercher les sacs à vomir, pendant que lui se décidait à sortir la bague, qu’elle n’a pas vue parce qu’elle essayait de ne pas vomir, et ils ont fini par arrêter de tournoyer dans le ciel, et sont rentrés à l’aérodrome, où elle n’a pas trop bien compris pourquoi il y avait du champagne, mais buvons, car qui sait si nous serons demain et tutti quanti.

 


le Sire Racine, fort aise de trouver sa citation sur Pinterest

 

On a beau critiquer les téléphones portables à tour de bras aujourd’hui, ils auraient été bien utiles ce jour-là…

 

En conclusion, grâce à mon aide, ils se marièrent (des années plus tard – je ne sais pas si c’est lié), et eurent un certain nombre d’enfants (« beaucoup », c’est subjectif finalement). Donc tout est bien qui finit bien (je crois – si tant est que le mariage est un fin en soi, et qu’on considère que c’est une chose positive (encore un truc très subjectif)(oui, parenthèses dans les parenthèses)), et je me tiens à votre disposition pour toute organisation évènementielle importante dans votre vie.

2 Replies to “Il était une fois”

  1. Haha, tu n’imagines pas à quel point la dégoûtée des demandes en mariage et cérémonie de mariage est ébaubie par ce récit de fiasco ! HAHAHA. Mais en vrai, je sais que tu es une excellente organisatrice de fêtes.

  2. Tout est bien qui fini bien… belle anecdote!

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