Louloute – Book review

oui oui, vous avez bien lu, je me lance dans la critique littéraire. Non non, ce n’est pas (uniquement) que je m’éparpille, c’est que d’une part je fais bien ce que je veux ici, et d’autre part, vous n’ignorez pas que j’aime bien instruire ET amuser la galerie, et ce livre est… je ne sais même pas comment le décrire, à vrai dire.

Posons donc un contexte. L’autre jour, avec mes nains et une très bonne amie, très férue de littérature en tout genre, et particulièrement érudite en matière de littérature jeunesse, nous sommes allés à la médiathèque de ma ville. Nous somme repartis avec une petite trentaine d’ouvrages, comme d’habitude, et elle a dégotté ce livre-ci

Alors, oui, la couverture est un peu tristoune, mais la première page disait ceci :

« J’ai rencontré Louloute sur un bateau-cargo. J’avais dix ans et c’était ma première vraie grand histoire d’amitié avec une chienne. »

Mes nains étaient totalement blasés et inintéressés, mais nous avons trouvé que c’était un joli début, et que nous leur lirions quand même. Bon, finalement, ils sont partis chez leur père, mon amie est rentrée chez elle, et personne n’a lu Louloute ce week-end là.
Mais qu’à cela ne tienne, deux jours plus tard j’étais chez mes voisins, et leur fille de deux ans trois quarts aime que je lui lise des histoires. Je lui propose donc d’aller chercher un chouette livre de chien chez moi, et de le lui lire. Elle accepte avec enthousiasme, ELLE.

Nous commençons donc l’histoire, de Liline, petite fille qui rencontre Louloute sur un bateau cargo, en direction du Pirée. Elles s’amusent toutes les deux beaucoup, tandis que les autres passagers passent un sale moment durant une tempête.

(« ils font quoi les gens, là? »
« Euh…. ils sont un peu malades alors ils vomissent »
« Pourquoi ils vomissent là? »
« Parce qu’il y a un gros orage et du coup le bateau monte et descend très vite et parfois certaines personnes ont envie de vomir à ce moment-là ». « Moi je vais sur les bateaux qui vont pas vite moi »)

Liline voyage avec sa mère, qui a décidé qu’il était temps pour le père de Liline, aux abonnés absents depuis avant sa naissance, de s’occuper de sa fille. Détail intéressant : elle ne sait pas vraiment où il habite. Qu’à cela ne tienne, une fois arrivée en Grèce, elle ira à la poste chercher son adresse dans le bottin. Je sais que je suis très très vieille, dixit mes nains, mais même moi je n’ai pas connu ce concept : un monde où l’on peut raisonnablement (mais sa mère est-elle vraiment raisonnable?) espérer retrouver quelqu’un à l’aide d’un bottin. Est-ce que ce monde à réellement existé, ou la mère de Liline est-elle totalement barge? J’ai mes soupçons, mais je veux bien l’avis de personnes très très TRES âgées  (=totalement grabataires, sur l’échelle de mes gosses) sur ce sujet.

Arrivées au Pirée, Louloute, Liline et sa mère débarquent, et filent à la poste consulter le bottin. Et devinez quoi? Elles ne trouvent pas l’adresse du père. Il ne reste donc qu’une seule solution : flanquer Liline dans un couvent, en attendant que ledit père ou sa famille fasse miraculeusement surface, bien entendu. Et la mère repart en France. Ah, petit détail supplémentaire : Louloute n’a pas le droit de rester au couvent, alors elle part en France avec la mère, et Liline se retrouve au couvent, entourées de filles super méchantes (« pourquoi elles sont méchantes? » « Euh… parce qu’elles sont jalouses de Liline, peut-être? ») à pleurer toutes les larmes de son corps toutes les nuits. La seule personne qui ne la traite pas de Parichienne est une des soeurs, qui vient l’embrasser la nuit et lui dire que « Jésus, sa mère Marie, et elle aussi m’aiment ». Je commence à être un peu mal à l’aise avec cette histoire, et à avoir du mal à répondre au flot de questions (« pourquoi elle pleure? » « c’est quoi un dortoir? » « et moi, je vais dormir où? ». Je décide donc de me focaliser désormais sur les images, et baratiner une histoire basée sur les illustrations, qui sont souvent plutôt jolies, poétiques. Je dévie donc totalement l’histoire, et grand bien m’en a pris. Je continue à lire dans ma tête la véritable histoire, qui passe de pas franchement jobarde à totalement déprimante très rapidement. Et les illustrations ne sont pas toujours juste poétiques, en fait.

C’est quoi, le bonhomme, là? Euh… attends, on va tourner la page pour voir si on voit Louloute, ok?

La mère, au bout d’un moment, décide qu’elle a envoyé bien assez d’argent au couvent comme ça, donc elle arrête d’envoyer la thune. Liline se voit rétrogradée au « troisième rang », avec les orphelines, où l’on sert les gosses de riches et on n’a que ce qui reste. C’est alors que débute la guerre avec les Balkans, donc Liline et deux soeurs françaises sont rapatriées/renvoyées en France. Chouette, se dit-on, elle va au moins pouvoir retrouver sa mère (une mère pourrie, c’est peut-être quand même mieux qu’un orphelinat de l’autre côte de l’Europe, non?)! Bon, d’abord elle va dans un autre couvent, à Marseille, où elle est bien traitée et se plaît bien. Et elle repart enfin pour Paris, enfin, Neuilly, où sa mère tient une librairie, avec Louloute. Elle descend du train, et les premiers mots que lui dit sa mère sont « Elle est noire! Un vrai pruneau… ». Un vrai bonheur, cette mère, n’est-ce pas? Mais Liline s’en moque bien : elle a retrouvé Louloute. Bonheur des retrouvailles, elles sont en joie toutes deux. Vous y avez cru, vous aussi, deux minutes, à la fin heureuse? Eh bah non. Juste après, Louloute se fait renverser par une voiture.

« Ma mère la prend dans ses bras et la dépose au creux des miens pour aller chercher le vétérinaire. Louloute, la tête pendante, perd son sang ».

Euh…. WTF? Là, ça devient compliquer de bluffer une histoire imaginaire basée sur les illustrations, car lesdites illustrations sont TRES réalistes. Et c’est QUOI CETTE MÈRE qui colle un chien éclaté dans les bras de sa gosse pendant qu’elle va (tranquillou?) chercher un véto ?! Je passe vite à la page suivante, en espérant que le véto en question fasse des miracles. Ah bah non.

Louloute est morte. On l’enterre au cimetière et on plante un rosier

Bien bien. Et si on allait lire un de tes livres, qu’en penses-tu? Si on lisait l’histoire du petit pont qui avait les pieds dans l’eau et qui éternuait tout le temps, alors les pompiers et les enfants et l’institutrice et la grand-mère lui ont tricoté une graaaaande écharpe, et le petit pont n’a plus éternué? Oui, tu as raison, allons lire celui-là.

Sérieusement. Qui écrit des histoires pareilles? C’est tellement horrible que c’est soit une histoire vraie, et l’auteure a voulu faire sa thérapie en en faisant un livre (merci, hein), ou alors l’auteure hait les gosses. Je ne vois pas d’autre explication à ce livre, que j’ai rendu à la médiathèque en leur demandant s’ils l’avaient lu, ou bien?

Brèfle. Tout ça pour dire, si vous cherchez un livre à offrir à des gosses que vous n’aimez pas, c’est tout trouvé. Maybe prévenez les parents qu’ils commencent à mettre un peu de thunes de côté pour leur future thérapie, aussi.

Ne me remerciez pas, c’est cadeau.

 

One Reply to “Louloute – Book review”

  1. Haha, mais qu’est-ce que c’est que cette horreur ? C’est à se demander parfois qui décide de publier quoi. L’autrice a-t-elle des pistons dans le monde de l’édition ? Parce que je suis sûre que dans les piles de manuscrits, il y a des tas de pépites qui passent à la trappe alors que ce cauchemar a pris le chemin des presses… Ça donne envie de faire une liste « à ne pas lire ». Qu’ont-ils dit à la bibliothèque, quelqu’un avait approuvé cet achat en ayant lu le bouquin ?

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